Pour la 5ème édition du Festival Ensemble(s), nous nous sommes proposés d’explorer la question de la notation que nous avons déclinée rapidement au pluriel : Notation(s).

 

 

En quoi cette notion est-elle constitutive de la pratique musicale qui est la nôtre ? En quoi contient-elle en elle-même, et pour chaque artiste, un rapport particulier aux sons, mais aussi un rapport à l’autre — la notation est-elle par définition la transmission d’un message ? En quoi, en définitive, la notation porte-t-elle la notion d’écriture et par conséquence une certaine forme d’engagement au sein de la société ? 

 

Car prendre en charge la question de l’écriture c’est prendre le parti de la réflexion, le parti de la pensée, une certaine forme de partage du sensible.

 

 

Chaque ensemble aura répondu diversement à la question de la notation, y adjoignant les notions d’esquisses, de graphiques, de brouillons ; mais des lignes de force traversent de manière diagonale toutes ces propositions. 

Il y a les réponses graphiques qui prennent source dans les explorations formelles de Morton Feldman, Projection I (1961) ou dans la pièce pour bande-son de György Ligeti, Artikulation (1958) dont la réalisation visuelle fut réalisée quelques années plus tard par Rainer Wehinger. 

 

En écho, des compositeurs et compositrices d’aujourd’hui ont le souci de prendre en charge la dimension visuelle du son et sa représentation. C’est le cas de la partition d’Elena Rykova, 101% mind uploading, dans laquelle sont notés précisément les déplacements de trois musiciens-performers explorant les entrailles d’un piano à ciel-ouvert, comme le temps d’une opération. C’est le cas de la partition Exiguë (contiguë) de Julien Malaussena dont les grands glissandi sont notés hors portée, sur trois lignes figurant le corps des instruments. 

 

 

Dans un souci pédagogique, pour une approche plus sensitive du son, le compositeur russe réfugié politique, Dmitri Kourliandski imagine le projet OpenLab avec les élèves du conservatoire d’Ivry-sur-Seine, associant lecture graphique, improvisations instrumentales et musique électronique.

5ème édition

18 • 20 • 21 • 22 septembre 2024

Mais la notation définit aussi tout un processus d’engendrement qui ne se donne pas nécessairement à voir, et qui passe par toutes sortes de « formules » : création de grands graphiques dessinant en amont un projet sonore global tels que les réalise la compositrice coréenne Selim Jeon ; élaboration d’une notation instrumentale à partir de programmes informatiques ainsi que le conçoit la compositrice espagnole Ariadna Alsina Tarrés dont l’ensemble Sillages proposera un portrait.

Ensemble(s) 2024,
c'est :

• 1 lieu

• 4 jours de création musicale

• 6 ensembles

• 7 concerts

• 13 créations

• 3 commandes du festival

• 47 œuvres

• 41 compositeur•rice•s

• plus de 90 artistes réunis

Et puis, lointainement pour beaucoup de compositeurs et compositrices, la notation est avant tout cet enjeu de la représentation des idées musicales à l’œuvre. Celle-ci en passe alors par une pluralité d’états qui sont comme autant de transformations, depuis les brouillons jusqu’aux esquisses. 

 

Ainsi nous tenterons de donner à voir et à comprendre, pour certaines créations, ces processus d’engendrement. Ce sera le propos de la pièce Angle Mort, commande du festival au compositeur espagnol José Manuel López López, dont le point de départ est un enchâssement de figures géométriques donnant naissance à des proportions musicales. 

 

L’œuvre sera créée en ouverture du Festival dans un grand concert réunissant 17 musiciens des ensembles conjugués du Festival, où seront jouées également les pièces de Sarah Nemtsov (Moos), Georg Friedrich Haas (Ausweg) ainsi qu’une création (Shreds) du jeune compositeur français Tobias Feierabend.

 
De leur côté, chacun à sa façon, le compositeur Adrien Trybucki et le jeune chilien Agustin Castellon Molina, répondront dans une nouvelle partition à cette question du processus de notation dans l’élaboration d’une pièce instrumentale et tenteront de rendre visible, par des esquisses projetées en parallèle de la musique, ces processus d’engendrement du sonore. Notation(s), c’est ainsi donner à voir, sinon à comprendre, les processus à l’œuvre dans l’imagination musicale, c’est tenter de rendre le sonore visible, c’est entrer dans la sphère de la musique, art si abstrait, si concret.
 
« Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. » 

Georges Perec

Comme à son habitude, le Festival Ensemble(s) c’est, en ouverture, un concert réunissant les musiciens des 5 ensembles fondateurs du festival (2e2m, Cairn, Court-circuit, Multilatérale, Sillages), puis 5 concerts individuels de chacun de ces ensembles.
Cette année et pour la première fois, le Festival invite l’Ensemble Linea de Strasbourg à se joindre à lui.

Des préludes et interludes adossés à chaque concert seront présentés par les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP), les élèves des conservatoires municipaux d’Ivry/Seine, le conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliers, le pôle Sup’93 et des conservatoires municipaux d’arrondissements de Paris 11e et Paris 20e.

Jérôme Combier

Pour la 5ème édition du Festival Ensemble(s), nous nous sommes proposés d’explorer la question de la notation que nous avons déclinée rapidement au pluriel : Notation(s).

 

 

En quoi cette notion est-elle constitutive de la pratique musicale qui est la nôtre ? En quoi contient-elle en elle-même, et pour chaque artiste, un rapport particulier aux sons, mais aussi un rapport à l’autre — la notation est-elle par définition la transmission d’un message ? En quoi, en définitive, la notation porte-t-elle la notion d’écriture et par conséquence une certaine forme d’engagement au sein de la société ? 

 

Car prendre en charge la question de l’écriture c’est prendre le parti de la réflexion, le parti de la pensée, une certaine forme de partage du sensible.

 

 

Chaque ensemble aura répondu diversement à la question de la notation, y adjoignant les notions d’esquisses, de graphiques, de brouillons ; mais des lignes de force traversent de manière diagonale toutes ces propositions. 

Il y a les réponses graphiques qui prennent source dans les explorations formelles de Morton Feldman, Projection I (1961) ou dans la pièce pour bande-son de György Ligeti, Artikulation (1958) dont la réalisation visuelle fut réalisée quelques années plus tard par Rainer Wehinger. 

 

En écho, des compositeurs et compositrices d’aujourd’hui ont le souci de prendre en charge la dimension visuelle du son et sa représentation. C’est le cas de la partition d’Elena Rykova, 101% mind uploading, dans laquelle sont notés précisément les déplacements de trois musiciens-performers explorant les entrailles d’un piano à ciel-ouvert, comme le temps d’une opération. C’est le cas de la partition Exiguë (contiguë) de Julien Malaussena dont les grands glissandi sont notés hors portée, sur trois lignes figurant le corps des instruments. 

 

 

Dans un souci pédagogique, pour une approche plus sensitive du son, le compositeur russe réfugié politique, Dmitri Kourliandski imagine le projet OpenLab avec les élèves du conservatoire d’Ivry-sur-Seine, associant lecture graphique, improvisations instrumentales et musique électronique.

5ème édition

18 • 20 • 21 • 22
septembre 2024

Mais la notation définit aussi tout un processus d’engendrement qui ne se donne pas nécessairement à voir, et qui passe par toutes sortes de « formules»: création de grands graphiques dessinant en amont un projet sonore global tels que les réalise la compositrice coréenne Selim Jeon ; élaboration d’une notation instrumentale à partir de programmes informatiques ainsi que le conçoit la compositrice espagnole Ariadna Alsina Tarrés dont l’ensemble Sillages proposera un portrait.

Et puis, lointainement pour beaucoup de compositeurs et compositrices, la notation est avant tout cet enjeu de la représentation des idées musicales à l’œuvre. Celle-ci en passe alors par une pluralité d’états qui sont comme autant de transformations, depuis les brouillons jusqu’aux esquisses. 

 

Ainsi nous tenterons de donner à voir et à comprendre, pour certaines créations, ces processus d’engendrement. Ce sera le propos de la pièce Angle Mort, commande du festival au compositeur espagnol José Manuel López López, dont le point de départ est un enchâssement de figures géométriques donnant naissance à des proportions musicales. 

 

L’œuvre sera créée en ouverture du Festival dans un grand concert réunissant 17 musiciens des ensembles conjugués du Festival, où seront jouées également les pièces de Sarah Nemtsov (Moos), Georg Friedrich Haas (Ausweg) ainsi qu’une création (Shreds) du jeune compositeur français Tobias Feierabend.

 
De leur côté, chacun à sa façon, le compositeur Adrien Trybucki et le jeune chilien Agustin Castellon Molina, répondront dans une nouvelle partition à cette question du processus de notation dans l’élaboration d’une pièce instrumentale et tenteront de rendre visible, par des esquisses projetées en parallèle de la musique, ces processus d’engendrement du sonore. Notation(s), c’est ainsi donner à voir, sinon à comprendre, les processus à l’œuvre dans l’imagination musicale, c’est tenter de rendre le sonore visible, c’est entrer dans la sphère de la musique, art si abstrait, si concret.
 

« Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. » 

Georges Perec

Ensemble(s) 2024,
c'est :

• 1 lieu

• 4 jours de création musicale

• 7 concerts

• 6 ensembles

• 13 créations

• 3 commandes du festival

• 47 œuvres

• 41 compositeur•rice•s

• plus de 90 artistes réunis

Comme à son habitude, le Festival Ensemble(s) c’est, en ouverture, un concert réunissant les musiciens des 5 ensembles fondateurs du festival (2e2m, Cairn, Court-circuit, Multilatérale, Sillages), puis 5 concerts individuels de chacun de ces ensembles. Cette année et pour la première fois, le Festival invite l’Ensemble Linea de Strasbourg à se joindre à lui.
Des préludes et interludes adossés à chaque concert seront présentés par les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP), les élèves des conservatoires municipaux d’Ivry/Seine, le conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliers, le pôle Sup’93 et des conservatoires municipaux d’arrondissements de Paris 11e et Paris 20e.

Jérôme Combier

Edito

Pour la 5ème édition du Festival Ensemble(s), nous nous sommes proposés d’explorer la question de la notation que nous avons déclinée rapidement au pluriel : Notation(s).

 

En quoi cette notion est-elle constitutive de la pratique musicale qui est la nôtre ? En quoi contient-elle en elle-même, et pour chaque artiste, un rapport particulier aux sons, mais aussi un rapport à l’autre — la notation est-elle par définition la transmission d’un message ? 

 

En quoi, en définitive, la notation porte-t-elle la notion d’écriture et par conséquence une certaine forme d’engagement au sein de la société ? 

 

Car prendre en charge la question de l’écriture c’est prendre le parti de la réflexion, le parti de la pensée, une certaine forme de partage du sensible.

 

Chaque ensemble aura répondu diversement à la question de la notation, y adjoignant les notions d’esquisses, de graphiques, de brouillons ; mais des lignes de force traversent de manière diagonale toutes ces propositions. Il y a les réponses graphiques qui prennent source dans les explorations formelles de Morton Feldman, Projection I (1961) ou dans la pièce pour bande-son de György Ligeti, Artikulation (1958) dont la réalisation visuelle fut réalisée quelques années plus tard par Rainer Wehinger. 

 

En écho, des compositeurs et compositrices d’aujourd’hui ont le souci de prendre en charge la dimension visuelle du son et sa représentation. C’est le cas de la partition d’Elena Rykova, 101% mind uploading, dans laquelle sont notés précisément les déplacements de trois musiciens-performers explorant les entrailles d’un piano à ciel-ouvert, comme le temps d’une opération. C’est le cas de la partition Exiguë (contiguë) de Julien Malaussena dont les grands glissandi sont notés hors portée, sur trois lignes figurant le corps des instruments. 

 

Dans un souci pédagogique, pour une approche plus sensitive du son, le compositeur russe réfugié politique, Dmitri Kourliandski imagine le projet OpenLab avec les élèves du conservatoire d’Ivry-sur-Seine, associant lecture graphique, improvisations instrumentales et musique électronique.

 

Mais la notation définit aussi tout un processus d’engendrement qui ne se donne pas nécessairement à voir, et qui passe par toutes sortes de « formules » : création de grands graphiques dessinant en amont un projet sonore global tels que les réalise la compositrice coréenne Selim Jeon ; élaboration d’une notation instrumentale à partir de programmes informatiques ainsi que le conçoit la compositrice espagnole Ariadna Alsina Tarrés dont l’ensemble Sillages proposera un portrait.

 

Et puis, lointainement pour beaucoup de compositeurs et compositrices, la notation est avant tout cet enjeu de la représentation des idées musicales à l’œuvre. Celle-ci en passe alors par une pluralité d’états qui sont comme autant de transformations, depuis les brouillons jusqu’aux esquisses. Ainsi nous tenterons de donner à voir et à comprendre, pour certaines créations, ces processus d’engendrement. Ce sera le propos de la pièce Angle Mort, commande du festival au compositeur espagnol José Manuel López López, dont le point de départ est un enchâssement de figures géométriques donnant naissance à des proportions musicales. 

 

L’œuvre sera créée en ouverture du Festival dans un grand concert réunissant 17 musiciens des ensembles conjugués du Festival, où seront jouées également les pièces de Sarah Nemtsov (Moos), Georg Friedrich Haas (Ausweg) ainsi qu’une création (Shreds) du jeune compositeur français Tobias Feierabend.

 

De leur côté, chacun à sa façon, le compositeur Adrien Trybucki et le jeune chilien Agustin Castellon Molina, répondront dans une nouvelle partition à cette question du processus de notation dans l’élaboration d’une pièce instrumentale et tenteront de rendre visible, par des esquisses projetées en parallèle de la musique, ces processus d’engendrement du sonore. 

 

Notation(s), c’est ainsi donner à voir, sinon à comprendre, les processus à l’œuvre dans l’imagination musicale, c’est tenter de rendre le sonore visible, c’est entrer dans la sphère de la musique, art si abstrait, si concret.

 

« Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. » Georges Perec

 

Comme à son habitude, le Festival Ensemble(s) c’est, en ouverture, un concert réunissant les musiciens des 5 ensembles fondateurs du festival (2e2m, Cairn, Court-circuit, Multilatérale, Sillages), puis 5 concerts individuels de chacun de ces ensembles. Cette année et pour la première fois, le Festival invite l’Ensemble Linea de Strasbourg à se joindre à lui.

 

Des préludes et interludes adossés à chaque concert seront présentés par les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP), les élèves des conservatoires municipaux d’Ivry/Seine, le conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliers, le pôle Sup’93 et des conservatoires municipaux d’arrondissements de Paris 11e et Paris 20e.

Jérôme Combier