Soir 1 -
Jérôme Combier, présentation du concert Lines of light and air 

le jeudi 9 septembre,
à 19h30…

propos recueillis par
Corinne Schneider

Voilà un programme très varié,
on pourrait dire disparate…

Inguz (Fertility) de Liza Lim , très lyrique et mélodique, presque orientale ; JH. Tribute to Jimi Hendrix de Juan Arroyo, ultra gestuelle ; Aer de Beat Furrer , à la limite d’un silence volubile, une sorte de temps d’insecte ; Elan vital de Paul Clift qui est est un grand déploiement d’harmonies insistantes, avec ce dialogue inaltérable entre le mouvement perpétuel du piano et l’immobilité vibrante des instruments à vent ; et enfin Veil of Orpheus de Franck Christoph Yeznikian , un tissage savant d’une texture sombre chargée de bruits.

Bref, un programme qui n’a pas de sens
ou qui a trop de sens…

Mais j’aimerais faire avant ce concert un voyage de l’écoute et en ce sens j’aurais aimé qu’il soit aussi un hommage au penseur qui nous a quitté il y a peu, Jean-Luc Nancy qui, même s’il a peu écrit sur la musique, a tout de même laissé un très beau livre qui s’intitule A l’écoute. A l’écoute est, comme le dit Nancy, « à la fois un titre, une adresse et une dédicace ». C’est ce que j’aimerais pour ce concert : une adresse (à vous, à la faculté que vous avez d’écouter) et une dédicace (à ce que l’écoute interroge, en même temps qu’au philosophe lui-même).

❝ Si entendre c’est comprendre le sens (soit au sens dit figuré, soit au sens dit propre : entendre une sirène, un oiseau ou un tambour, c’est chaque fois au moins comprendre l’ébauche d’une situation, un contexte), écouter c’est être tendu vers un sens possible et par conséquence non immédiatement accessible. On écoute celui qui tient un discours que l’on veut comprendre, ou bien on écoute ce qui peut surgir du silence, ou bien encore on écoute ce qu’on appelle la musique. ❞

Jean-Luc Nancy, A l’écoute
(Editions Galilée, 2002, pages 19-20).

Et puis, un peu plus loin dans le livre, Nancy écrit ceci à propos de ce que le philosophe allemand de la phénoménologie Husserl nomme le présent vivant. C’est là presque un poème : « Ce présent est le maintenant d’un sujet qui donne, en première ou en dernière instance, sa présence au présent, ou son présent à la présence. Dans les termes que j’emploie ici je dirai que le présent vivant résonne ou qu’il est lui-même résonance et n’est que cela : résonance l’une dans l’autre des instances ou des stances du présent. »

Disons alors que c’est là que nous aimerions vous emmener : à l’intérieur de l’écoute, dans les stances d’un instant fait musique.

Soir 1 -
Jérôme Combier, présentation du concert Lines of light and air 

le jeudi 9 septembre, à 19h30…

propos recueillis par Corinne Schneider

Voilà un programme très varié, on pourrait dire disparate

Inguz (Fertility) de Liza Lim , très lyrique et mélodique, presque orientale ; JH. Tribute to Jimi Hendrix de Juan Arroyo, ultra gestuelle ; Aer de Beat Furrer , à la limite d’un silence volubile, une sorte de temps d’insecte ; Elan vital de Paul Clift qui est est un grand déploiement d’harmonies insistantes, avec ce dialogue inaltérable entre le mouvement perpétuel du piano et l’immobilité vibrante des instruments à vent ; et enfin Veil of Orpheus de Franck Christoph Yeznikian , un tissage savant d’une texture sombre chargée de bruits.

Bref, un programme qui n’a pas de sens ou qui a trop de sens…

Mais j’aimerais faire avant ce concert un voyage de l’écoute et en ce sens j’aurais aimé qu’il soit aussi un hommage au penseur qui nous a quitté il y a peu, Jean-Luc Nancy qui, même s’il a peu écrit sur la musique, a tout de même laissé un très beau livre qui s’intitule A l’écoute. A l’écoute est, comme le dit Nancy, « à la fois un titre, une adresse et une dédicace ». C’est ce que j’aimerais pour ce concert : une adresse (à vous, à la faculté que vous avez d’écouter) et une dédicace (à ce que l’écoute interroge, en même temps qu’au philosophe lui-même).

❝ Si entendre c’est comprendre le sens (soit au sens dit figuré, soit au sens dit propre : entendre une sirène, un oiseau ou un tambour, c’est chaque fois au moins comprendre l’ébauche d’une situation, un contexte), écouter c’est être tendu vers un sens possible et par conséquence non immédiatement accessible. On écoute celui qui tient un discours que l’on veut comprendre, ou bien on écoute ce qui peut surgir du silence, ou bien encore on écoute ce qu’on appelle la musique. ❞

Jean-Luc Nancy, A l’écoute
(Editions Galilée, 2002, pages 19-20)

Et puis, un peu plus loin dans le livre, Nancy écrit ceci à propos de ce que le philosophe allemand de la phénoménologie Husserl nomme le présent vivant. C’est là presque un poème : « Ce présent est le maintenant d’un sujet qui donne, en première ou en dernière instance, sa présence au présent, ou son présent à la présence. Dans les termes que j’emploie ici je dirai que le présent vivant résonne ou qu’il est lui-même résonance et n’est que cela : résonance l’une dans l’autre des instances ou des stances du présent. »

Disons alors que c’est là que nous aimerions vous emmener : à l’intérieur de l’écoute, dans les stances d’un instant fait musique.