20h
Lambeaux / Shreds
5 Ensemble(s)
Le concert d’ouverture de la 5ème édition du festival Ensemble(s) propose d’explorer deux générations de compositeurs, compositrices dont les démarches éloignées répondent chacune de manière personnelle à la question de la notation. Si la notation est indéfectible de toute démarche compositionnelle qui en appelle à des interprètes (comment leur transmettre un message autrement ?), si celle-ci est inévitablement personnelle à tout artiste, il est possible de dégager quelques lignes de forces, quelques principes et éléments de significations qui les rassemblent.
Ainsi, pour les compositeurs Georg-Friedrich Haas et José-Manuel López López (nés respectivement en 1953 et 1956) la notation serait le lieu de spéculations structurelles, lieu d’imagination d’architectures musicales, alors que pour la génération suivante, pour Sarah Nemtsov et Tobias Feierabend (nés respectivement en 1980 et 1993), la notation serait manière d’accéder à des gestes instrumentaux inouïs, à des paysages sonores insoupçonnés.
Lambeaux c’est à la fois la traduction du titre de la pièce de Tobias Feierabend à la fois l’idée que toute écriture, toute notation procède inéluctablement par fragments, par « éclats multiples », à un moment ou un autre du processus de composition : lambeaux de notation, lambeaux de son, qui s’agencent avant de trouver une unité quelconque dont on ne sait jamais vraiment très bien, malgré tous les schémas et les structures, en quoi elle consiste.
AUS.WEG de Georg Friedrich Haas, écrit ainsi en majuscule cultive l’ambiguité de sens, le mot « Weg » signifiant « chemin », tandis que le mot « weg » (en minuscule) signifie « aller ». Cette ambiguïté intentionnelle permet au titre des significations multiples : « sortie », « arrêter », « s’en aller ». Dans AUS.WEG, Georg Friedrich Haas recourt à un mode de composition faisant appel à ce qu’il nomme des « tables d’accords bidimensionnelles » qui lui permettent de se déplacer horizontalement verticalement dans le temps.
Angle mort de José-Manuel López López explore des figures géométriques en trois dimensions — carrés, polygones, cercles — qui agissent entre elles et produisent des intersections en créant de nouvelles figures. Ces modèles géométriques, leurs rapports de proportions, sont ensuite converties en modèles sonores (intervalles, mouvements métronomiques). La question de la notation prend ici tout son sens et celle-ci sera donné à voir par la création visuelle du vidéaste Thomas Lanza.
Pour Sarah Nemtsov, compositrice allemande, Moos (mousse) explore la constitution des végétaux qui recouvrent les pierres, leur texture et tous les réseaux et rhizomes qui les structurent. Ainsi les instruments, spatialisés autour de percussions résonnantes (plaque tonnerre, tam-tam, grosse caisse) les font entrer en vibration via des microphones de contact, image rendue sonore (et visuelle) de ces ramifications végétales que Moos cherche à explorer. Par ailleurs, Moos explore également tout un travail de gestes instrumentaux relatif au percussionniste et dont la notation est représentée sous forme de courbes.
En anglais, le mot Shreds désigne avant tout les lambeaux et dans un registre plus familier, l’expression to shred (l’acte de déchiqueter) est une manière de glorifier le jeu virtuose et électrifié des « guitar-heroes » de la culture Pop. C’est cette lutte, du guitariste avec son instrument, que le jeune compositeur français explore et toute la notation qui en découle pour rechercher les sons distordus, les larsens, les bruits parasites propre au son électrique de la guitare : « depuis son invention, on n’a eu de cesse d’explorer les imperfections de la guitare électrique et de ses systèmes d’amplification pour en tirer les moyens d’une véritable catharsis sonore. »
Toutefois Shreds s’achève par une étrange et douce berceuse désaccordée, résolution incertaine d’un monde sous tension.
Lambeaux serait aussi l’hommage lointain à l’écrivain Charles Juliet décédé durant cet été 2024 et pour qui l’écriture aura été un moyen d’élévation multiple : élévation dans la hiérarchie sociale (il fut enfant de troupe), élévation artistique, élévation spirituelle.
« Dans -Écriture-, m’a-t-on fait remarquer, il y a -cri-, et je sais depuis longtemps que l’art naît le plus souvent d’un manque, d’une nostalgie, d’une blessure, d’une inguérissable souffrance. »
Charles Juliet, Journal Tome 5, éditions POL, 2003
Direction-
Guillaume Bourgogne • Gonzalo Bustos
Jean Deroyer • Léo Margue
Fanny Méteier, tuba solo • Santiago Quintans, guitare éléctrique solo • Fanny Vicens, accordéon solo —
Sophie Deshayes, flûte • Violaine Dufès, hautbois • Bogdan Sydorenko, clarinette • Vincent David, saxophone • Loïc Chevandier, basson • Laurent Bômont, trompette • Félix Bacik, trombone • Hélène Colombotti, percussion • Caroline Cren, piano • Marion Lénart, harpe • Léo Belthoise, violon • Claire Merlet, alto • Alexa Ciciretti, violoncelle • Lilas Bérault, contrebasse • Pierre Carré, électronique
Sarah Nemtsov
Moos
Flûte, hautbois, clarinette, trombone, tuba, percussion, piano, harpe, guitare électrique, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique
Tobias Feierabend
Shreds • création mondiale
Flûte, clarinette basse, saxophone soprano, accordéon, piano, percussion, guitare électrique, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique
José Manuel López López
Angle mort • création mondiale
commande du Festival Ensemble(s)
Tuba solo, guitare électrique solo, accordéon solo, flûte, hautbois, clarinette, saxophone, basson, trompette, trombone, percussion, harpe, violon, alto, violoncelle et contrebasse
Georg-Friedrich Haas
AUS.WEG
Flûte, hautbois baryton, clarinette basse, percussion, piano, violon, alto et violoncelle
En prélude...
Sarah Nemtsov
Exercice, pour 2 flûtes
Coline Bichard et Saralei Klaine
Élèves du CRR d'Aubervilliers
20h
Lambeaux/Shreds
5 Ensemble(s)
Le concert d’ouverture de la 5ème édition du festival Ensemble(s) propose d’explorer deux générations de compositeurs, compositrices dont les démarches éloignées répondent chacune de manière personnelle à la question de la notation. Si la notation est indéfectible de toute démarche compositionnelle qui en appelle à des interprètes (comment leur transmettre un message autrement ?), si celle-ci est inévitablement personnelle à tout artiste, il est possible de dégager quelques lignes de forces, quelques principes et éléments de significations qui les rassemblent.
Ainsi, pour les compositeurs Georg-Friedrich Haas et José-Manuel López López (nés respectivement en 1953 et 1956) la notation serait le lieu de spéculations structurelles, lieu d’imagination d’architectures musicales, alors que pour la génération suivante, pour Sarah Nemtsov et Tobias Feierabend (nés respectivement en 1980 et 1993), la notation serait manière d’accéder à des gestes instrumentaux inouïs, à des paysages sonores insoupçonnés. Lambeaux c’est à la fois la traduction du titre de la pièce de Tobias Feierabend à la fois l’idée que toute écriture, toute notation procède inéluctablement par fragments, par « éclats multiples », à un moment ou un autre du processus de composition : lambeaux de notation, lambeaux de son, qui s’agencent avant de trouver une unité quelconque dont on ne sait jamais vraiment très bien, malgré tous les schémas et les structures, en quoi elle consiste.
AUS.WEG de Georg Friedrich Haas, écrit ainsi en majuscule cultive l’ambiguité de sens, le mot « Weg » signifiant « chemin », tandis que le mot « weg » (en minuscule) signifie « aller ». Cette ambiguïté intentionnelle permet au titre des significations multiples : « sortie », « arrêter », « s’en aller ». Dans AUS.WEG, Georg Friedrich Haas recourt à un mode de composition faisant appel à ce qu’il nomme des « tables d’accords bidimensionnelles » qui lui permettent de se déplacer horizontalement verticalement dans le temps.
Angle mort de José-Manuel López López explore des figures géométriques en trois dimensions — carrés, polygones, cercles — qui agissent entre elles et produisent des intersections en créant de nouvelles figures. Ces modèles géométriques, leurs rapports de proportions, sont ensuite converties en modèles sonores (intervalles, mouvements métronomiques). La question de la notation prend ici tout son sens et celle-ci sera donné à voir par la création visuelle du vidéaste Thomas Lanza.
Pour Sarah Nemtsov, compositrice allemande, Moos (mousse) explore la constitution des végétaux qui recouvrent les pierres, leur texture et tous les réseaux et rhizomes qui les structurent. Ainsi les instruments, spatialisés autour de percussions résonnantes (plaque tonnerre, tam-tam, grosse caisse) les font entrer en vibration via des microphones de contact, image rendue sonore (et visuelle) de ces ramifications végétales que Moos cherche à explorer. Par ailleurs, Moos explore également tout un travail de gestes instrumentaux relatif au percussionniste et dont la notation est représentée sous forme de courbes.
En anglais, le mot Shreds désigne avant tout les lambeaux et dans un registre plus familier, l’expression to shred (l’acte de déchiqueter) est une manière de glorifier le jeu virtuose et électrifié des « guitar-heroes » de la culture Pop. C’est cette lutte, du guitariste avec son instrument, que le jeune compositeur français explore et toute la notation qui en découle pour rechercher les sons distordus, les larsens, les bruits parasites propre au son électrique de la guitare : « depuis son invention, on n’a eu de cesse d’explorer les imperfections de la guitare électrique et de ses systèmes d’amplification pour en tirer les moyens d’une véritable catharsis sonore. »
Toutefois Shreds s’achève par une étrange et douce berceuse désaccordée, résolution incertaine d’un monde sous tension.
Lambeaux serait aussi l’hommage lointain à l’écrivain Charles Juliet décédé durant cet été 2024 et pour qui l’écriture aura été un moyen d’élévation multiple : élévation dans la hiérarchie sociale (il fut enfant de troupe), élévation artistique, élévation spirituelle.
« Dans -Écriture-, m’a-t-on fait remarquer, il y a -cri-, et je sais depuis longtemps que l’art naît le plus souvent d’un manque, d’une nostalgie, d’une blessure, d’une inguérissable souffrance. »
Charles Juliet, Journal Tome 5, éditions POL, 2003
Direction-
Guillaume Bourgogne • Gonzalo Bustos
Jean Deroyer • Léo Margue
Fanny Méteier, tuba solo • Santiago Quintans, guitare éléctrique solo • Fanny Vicens, accordéon solo
Sophie Deshayes, flûte • Violaine Dufès, hautbois • Bogdan Sydorenko, clarinette • Vincent David, saxophone • Loïc Chevandier, basson • Laurent Bômont, trompette • Félix Bacik, trombone • Hélène Colombotti, percussion • Caroline Cren, piano • Marion Lénart, harpe • Léo Belthoise, violon • Claire Merlet, alto • Alexa Ciciretti, violoncelle • Lilas Berault, contrebasse
Sarah Nemtsov
Moos
Flûte, hautbois, clarinette, trombone, tuba, percussion, piano, harpe, guitare électrique, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique
Tobias Feierabend
Shreds • création mondiale
Flûte, clarinette basse, saxophone soprano, accordéon, piano, percussion, guitare électrique, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique
José Manuel López López
Angle mort • création mondiale
commande du Festival Ensemble(s)
Tuba solo, guitare électrique solo, accordéon solo, flûte, hautbois, clarinette, saxophone, basson, trompette, trombone, percussion, harpe, violon, alto, violoncelle, et contrebasse
Georg-Friedrich Haas
AUS.WEG
Flûte, hautbois baryton, clarinette basse, percussion, piano, violon, alto et violoncelle
En prélude...
Sarah Nemtsov
Exercice, pour 2 flûtes
Coline Bichard et Saralei Klaine
Élèves du CRR d'Aubervilliers
Mercredi
18 septembre
Le concert d’ouverture de la 5ème édition du festival Ensemble(s) propose d’explorer deux générations de compositeurs, compositrices dont les démarches éloignées répondent chacune de manière personnelle à la question de la notation. Si la notation est indéfectible de toute démarche compositionnelle qui en appelle à des interprètes (comment leur transmettre un message autrement ?), si celle-ci est inévitablement personnelle à tout artiste, il est possible de dégager quelques lignes de forces, quelques principes et éléments de significations qui les rassemblent.
Ainsi, pour les compositeurs Georg-Friedrich Haas et José-Manuel López López (nés respectivement en 1953 et 1956) la notation serait le lieu de spéculations structurelles, lieu d’imagination d’architectures musicales, alors que pour la génération suivante, pour Sarah Nemtsov et Tobias Feierabend (nés respectivement en 1980 et 1993), la notation serait manière d’accéder à des gestes instrumentaux inouïs, à des paysages sonores insoupçonnés.
Lambeaux c’est à la fois la traduction du titre de la pièce de Tobias Feierabend à la fois l’idée que toute écriture, toute notation procède inéluctablement par fragments, par « éclats multiples », à un moment ou un autre du processus de composition : lambeaux de notation, lambeaux de son, qui s’agencent avant de trouver une unité quelconque dont on ne sait jamais vraiment très bien, malgré tous les schémas et les structures, en quoi elle consiste.
AUS.WEG de Georg Friedrich Haas, écrit ainsi en majuscule cultive l’ambiguité de sens, le mot « Weg » signifiant « chemin », tandis que le mot « weg » (en minuscule) signifie « aller ». Cette ambiguïté intentionnelle permet au titre des significations multiples : « sortie », « arrêter », « s’en aller ». Dans AUS.WEG, Georg Friedrich Haas recourt à un mode de composition faisant appel à ce qu’il nomme des « tables d’accords bidimensionnelles » qui lui permettent de se déplacer horizontalement verticalement dans le temps.
Angle mort de José-Manuel López López explore des figures géométriques en trois dimensions — carrés, polygones, cercles — qui agissent entre elles et produisent des intersections en créant de nouvelles figures. Ces modèles géométriques, leurs rapports de proportions, sont ensuite converties en modèles sonores (intervalles, mouvements métronomiques). La question de la notation prend ici tout son sens et celle-ci sera donné à voir par la création visuelle du vidéaste Thomas Lanza.
Pour Sarah Nemtsov, compositrice allemande, Moos (mousse) explore la constitution des végétaux qui recouvrent les pierres, leur texture et tous les réseaux et rhizomes qui les structurent. Ainsi les instruments, spatialisés autour de percussions résonnantes (plaque tonnerre, tam-tam, grosse caisse) les font entrer en vibration via des microphones de contact, image rendue sonore (et visuelle) de ces ramifications végétales que Moos cherche à explorer. Par ailleurs, Moos explore également tout un travail de gestes instrumentaux relatif au percussionniste et dont la notation est représentée sous forme de courbes.
En anglais, le mot Shreds désigne avant tout les lambeaux et dans un registre plus familier, l’expression to shred (l’acte de déchiqueter) est une manière de glorifier le jeu virtuose et électrifié des « guitar-heroes » de la culture Pop. C’est cette lutte, du guitariste avec son instrument, que le jeune compositeur français explore et toute la notation qui en découle pour rechercher les sons distordus, les larsens, les bruits parasites propre au son électrique de la guitare : « depuis son invention, on n’a eu de cesse d’explorer les imperfections de la guitare électrique et de ses systèmes d’amplification pour en tirer les moyens d’une véritable catharsis sonore. »
Toutefois Shreds s’achève par une étrange et douce berceuse désaccordée, résolution incertaine d’un monde sous tension.
Lambeaux serait aussi l’hommage lointain à l’écrivain Charles Juliet décédé durant cet été 2024 et pour qui l’écriture aura été un moyen d’élévation multiple : élévation dans la hiérarchie sociale (il fut enfant de troupe), élévation artistique, élévation spirituelle.
« Dans -Écriture-, m’a-t-on fait remarquer, il y a -cri-, et je sais depuis longtemps que l’art naît le plus souvent d’un manque, d’une nostalgie, d’une blessure, d’une inguérissable souffrance. »
Charles Juliet, Journal Tome 5, éditions POL, 2003
Sarah Nemtsov
Moos
Flûte, hautbois, clarinette, trombone, tuba, percussion, piano, harpe, guitare électrique, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique
Tobias Feierabend
Shreds • création mondiale
Flûte, clarinette basse, saxophone soprano, accordéon, piano, percussion, guitare électrique, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique
José Manuel López López
Angle mort • création mondiale
commande du Festival Ensemble(s)
Tuba solo, guitare électrique solo, accordéon solo, flûte, hautbois, clarinette, saxophone, basson, trompette, trombone, percussion, harpe, violon, alto, violoncelle et contrebasse
Georg-Friedrich Haas
AUS.WEG
Flûte, hautbois baryton, clarinette basse, percussion, piano, violon, alto et violoncelle
Direction-
Guillaume Bourgogne • Gonzalo Bustos Jean Deroyer • Léo Margue
Fanny Méteier, tuba solo
Santiago Quintans, guitare éléctrique solo
Fanny Vicens, accordéon solo
Sophie Deshayes, flûte
Cyril Ciabaud, hautbois
Bogdan Sydorenko, clarinette
Vincent David, saxophone
Loïc Chevandier, basson
Laurent Bômont, trompette
Félix Bacik, trombone
Hélène Colombotti, percussion
Caroline Cren, piano
Marion Lénart, harpe
Léo Belthoise, violon
Claire Merlet, alto
Alexa Ciciretti, violoncelle
Lilas Berault, contrebasse