Soir 4 -
Demian Rudel Rey, présentation de sa nouvelle œuvre Argos Panoptes

le dimanche 12 septembre,
à 20h25...

propos recueillis par
Corinne Schneider

J’ai fait mes études en Argentine à Buenos Aires jusqu’à la licence de composition, après quoi j’ai décidé de venir me perfectionner en France. J’ai croisé une fois Daniel d’Adamo en Argentine, mais ma venue en France n’est pas liée à cette rencontre. J’ai choisi de venir étudier en France car tous les compositeurs que j’admire sont en France, qu’ils soient Argentins ou Français.

Depuis l’Argentine, j’ai toujours suivi ce qui se passait dans le domaine de la création en France. J’ai passé le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon où j’ai été accepté dans la classe de Philippe Hurel. Puis j’ai travaillé avec Martin Matalon, et j’ai aussi bénéficié des conseils de Franck Bedrossian et de Yann Robin à l’occasion d’Académie de composition.

La musique d’Argos Panoptes est née de la lecture de textes de la poétesse argentine Alejandra Pizarnik (1936-1972) et plus particulièrement de trois poèmes qui évoquent la mort. J’ai eu une réaction très forte au contact de cette poésie (par exemple lorsqu’elle évoque « les pierres qui pleurent »…) qui m’a procuré beaucoup d’images sonores. La mort est un sujet qui me hante : je pense souvent à la mort. L’ensemble de la partition est construite à partir d’un élément récurrent (rythme bref-long), qui représente la mort. Il n’y a aucune référence aux clichés habituels liés à la représentation de la mort dans la musique occidentale ; au contraire, je voulais prendre le contre-pied, pour faire une sorte de pied-de-nez à la mort en adoptant une posture ironique. J’essaie toujours d’exprimer dans ma musique une façon de réagir à ce qui se passe autour de moi, dans le monde. Je pense qu’il y a toujours un rapport au politique dans ce que j’écris, mais c’est au fond de moi et ce n’est pas forcément démonstratif : cela ne s’entend pas forcément dans l’œuvre. C’est paradoxal, mais l’isolement du monde me permet aussi de voir les choses de loin pour tenter de qualifier ce qui se passe et ce que je ressens.

J’ai composé cette partition commandée par le Festival Ensemble(s) en continu, sans un seul jour d’interruption dans mon travail, et ce, pendant deux mois et demi. C’était un travail intense, mais j’aime cette immersion et cette concentration absolue.

C’est une pièce importante pour moi parce que j’ai essayé de pousser jusqu’au bout certaines choses que je faisais avant mais plus timidement. J’ai aussi voulu mettre en valeur le tango dans cette œuvre, en assumant pleinement cette référence. J’ai longuement étudié le tango (ainsi que le jazz) en Argentine, et je voulais vraiment intégrer cette pratique et certains gestes d’écriture caractéristiques du tango dans cette partition où j’ai d’ailleurs clairement intégré une référence à Piazzolla (dans la partie très lente), comme un petit hommage à la musique de Buenos Aires.

Soir 4 -
Demian Rudel Rey, présentation de sa nouvelle œuvre Argos Panoptes

le dimanche 12 septembre, à 20h25...

propos recueillis par Corinne Schneider

J’ai fait mes études en Argentine à Buenos Aires jusqu’à la licence de composition, après quoi j’ai décidé de venir me perfectionner en France. J’ai croisé une fois Daniel d’Adamo en Argentine, mais ma venue en France n’est pas liée à cette rencontre. J’ai choisi de venir étudier en France car tous les compositeurs que j’admire sont en France, qu’ils soient Argentins ou Français.

Depuis l’Argentine, j’ai toujours suivi ce qui se passait dans le domaine de la création en France. J’ai passé le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon où j’ai été accepté dans la classe de Philippe Hurel. Puis j’ai travaillé avec Martin Matalon, et j’ai aussi bénéficié des conseils de Franck Bedrossian et de Yann Robin à l’occasion d’Académie de composition.
La musique d’Argos Panoptes est née de la lecture de textes de la poétesse argentine Alejandra Pizarnik (1936-1972) et plus particulièrement de trois poèmes qui évoquent la mort. J’ai eu une réaction très forte au contact de cette poésie (par exemple lorsqu’elle évoque « les pierres qui pleurent »…) qui m’a procuré beaucoup d’images sonores. La mort est un sujet qui me hante : je pense souvent à la mort. L’ensemble de la partition est construite à partir d’un élément récurrent (rythme bref-long), qui représente la mort. Il n’y a aucune référence aux clichés habituels liés à la représentation de la mort dans la musique occidentale ; au contraire, je voulais prendre le contre-pied, pour faire une sorte de pied-de-nez à la mort en adoptant une posture ironique. J’essaie toujours d’exprimer dans ma musique une façon de réagir à ce qui se passe autour de moi, dans le monde. Je pense qu’il y a toujours un rapport au politique dans ce que j’écris, mais c’est au fond de moi et ce n’est pas forcément démonstratif : cela ne s’entend pas forcément dans l’œuvre. C’est paradoxal, mais l’isolement du monde me permet aussi de voir les choses de loin pour tenter de qualifier ce qui se passe et ce que je ressens.

J’ai composé cette partition commandée par le Festival Ensemble(s) en continu, sans un seul jour d’interruption dans mon travail, et ce, pendant deux mois et demi. C’était un travail intense, mais j’aime cette immersion et cette concentration absolue.

C’est une pièce importante pour moi parce que j’ai essayé de pousser jusqu’au bout certaines choses que je faisais avant mais plus timidement. J’ai aussi voulu mettre en valeur le tango dans cette œuvre, en assumant pleinement cette référence. J’ai longuement étudié le tango (ainsi que le jazz) en Argentine, et je voulais vraiment intégrer cette pratique et certains gestes d’écriture caractéristiques du tango dans cette partition où j’ai d’ailleurs clairement intégré une référence à Piazzolla (dans la partie très lente), comme un petit hommage à la musique de Buenos Aires.